Vic sur Aisne était dès l'époque romaine un point stratégique sur la rivière de L'Aisne.
La voie romaine qui reliait Noyon à Soissons, franchissait l'Aisne par un gué à Vic sur Aisne.
Le donjon de Vic sur Aisne existe depuis le VIII ème siècle: c'était alors une forteresse médiévale, construite en bois sur des fondations de pierre et entourée de fossés.
C'est ainsi que le décrit Berthe, la fille de Charlemagne, qui demandait à son père dans une lettre de l'an 814, de donner "la terre de Vic à l'abbaye St Médard de Soissons".
Cette forteresse arrêta l'invasion normande, venue de Compiègne, qui remontait la rivière...
Au XII ème siècle, le donjon fut construit en pierre : "une tour carrée, flanquée de deux tours circulaires à contreforts, dont l'une abrite une chapelle; cette tour maîtresse figure parmi les plus sophistiquées de XII siècle" Jean Mesqui.
Le prieuré Ste Léocade fut créé à la place des actuels communs... Gauthier de Coincy en sera le plus célèbre des prieurs... Ses vers seront connus dans toute l'Europe du Moyen-Age.
Les guerres de religions vont fortement endommager le donjon de Vic sur Aisne qui sera restauré à partir de 1604 par l'abbé commendataire François Hotman : les tours furent découronnées, les créneaux, mâchicoulis et chemin de ronde disparaîtront et le donjon sera transformé en tour résidence (des fenêtres seront percées et une tour d'escalier sera créée). Un "nouveau château" sera construit sur les douves des anciennes fortifications (le château actuel), ainsi que des communs, un nouveau prieuré, une chapelle, un pigeonnier, une glacière... la borne millière sera déplacée près du donjon...
Pour les deux abbés commendataires suivants, le Cardinal Mazarin et Philippe de Savoie, le château de Vic sur Aisne était une résidence de campagne dans lequel ils faisaient de brefs séjours.
L'Abbé de Pomponne, fils du marquis de Pomponne, Chancelier des Ordres du Roi Louis XIV, fit embellir la façade du château et aménager au "goût du jour" par un grand architecte de jardins, le parc, en créant des terrasses, un jardin à la française un grand potager et un verger.
Le Cardinal de Bernis, Ministre des Affaires Étrangères sous Louis XV, y vécut pendant ses deux années de disgrâce...
A la Révolution, Le château de Vic sur Aisne est vendu comme bien national, la chapelle est démolie... Jean-Baptiste Clouet, Régisseur des Poudres et Salpêtres, devient le premier propriétaire. Il revend le château à son cousin quelques années plus tard : le Vicomte de Reiset...
Pendant la guerre 14-18, le château de Vic sur Aisne est occupé par le quartier général de Franchey d'Esperey.
Pierre Lotti, rapporteur alors des Armées françaises, vient rendre visite à la famille Reiset réfugiée dans le donjon de Vic sur Aisne ( il en parle dans ses mémoires : "Soldats Bleus" ). Pétain, Poincaré et les grands Généraux se réuniront dans les salons pour une remise de médailles : ils sont à quelques kilomètres du front... Trois obus détruiront la tour nord-est du donjon, l'arrière nord du château et le dernier la façade gauche (la salle à manger). Le Vicomte de Reiset se chargera de la restauration "d'après guerre" avec les dommages de guerre.
Pendant la seconde guerre mondiale, il est à nouveau occupé... Les meubles sont déménagés... ( on ne sait où )... La famille Reiset le vend à une Société Civile, qui est toujours propriétaire du château aujourd'hui.
Les restaurations depuis 1989 :
A cette date, l'Association de Sauvegarde du château de Vic sur Aisne fut créée avec comme mission, la sauvegarde, la restauration et l'animation du château de Vic sur Aisne : le château est ouvert au public et aux réceptions, c'est une grand réussite : grâce à la beauté, l'élégance du lieu, les visiteurs, "les locataires d'un jour" affluent et sont devenus les premiers mécènes qui ont permis la restauration des toitures du pigeonnier, des communs, du donjon, du château, la loge du cocher, les écuries ... qu'ils en soient tous ici chaleureusement remerciés.
"Le patrimoine architectural est un héritage collectif qu'il nous appartient de transmettre aux générations futures... en hommage à tous les hommes qui l'ont rêvé, réalisé et conservé, malgré toutes les péripéties de l'histoire, en donnant le meilleur d'eux même et pour notre plus grand plaisir... Sachons perpétuer ce défit : ne soyons pas le maillon faible."
Philippe Peiffer, Président de l'Association de Sauvegarde du Château de Vic sur Aisne.